La ville désirable et organique de Champigny-sur-Marne ouvre la voie à la création d'un pôle régional majeur de l'économie circulaire tout en activant un poumon végétal indispensable, un bien commun paysager. Ré-agencer la friche est dès lors un mouvement urbain fédérateur, qui associe habitant·e·s, industriels, artisan·e·s, restaurateur·rice·s, entreprises de construction et associations locales. Elle permet à chacun·e de se sentir investi·e·s dans la dynamique de son lieu de vie, en lui redonnant une perspective humaine et créatrice.
La ville s'est tant bien que mal organisée autour de ce territoire, dans l'attente de sa mutation. Les logements des plus démunis auraient eu la vue sur le flot des voitures, tintamarre d'un modernisme éculé. Les entreprises locales auraient ainsi bénéficié d'un accès direct au réseau autoroutier, tournant le dos aux alentours pour viser le national, voire l'international fantasmé. Cette large friche non industrielle partiellement occupée par des jardins est en effet bordée de zones d'activités et d'ensembles de logements. Aucun dialogue, aucune intersection, aucun entremêlement significatif ne semble exister entre ces trois entités clairement définies car jusqu'ici « zonées. » Paysage subi, la friche n'en est pas moins un territoire généreux offrant un îlot de fraîcheur sur ce plateau, une réserve de biodiversité, un système d'infiltration des eaux de pluie et un capteur de carbone. Lieu ressource, elle est productive dans les jardins, appréciée des riverains particulièrement lorsqu'elle s'étend jusqu'au parc du Plateau, ou devient forêt à proximité du fort.
Travailler avec ses habitants, leurs envies, leurs désirs, la ville devient production organique. Jardin, parc, forêt, champ, jeux, potager, bassin, jeux d'eau, théâtre, concert, buvette, terrain de football ou de volley, piste de footing, paysage, observatoire, herbier, banc de lecture, arbre à palabre, chemin de rencontres : ces mots ne décrivent rien d'autre que la friche, ce vers quoi elle tend. Du nord au sud, les variations du paysage se font sentir, le long de l'Altival : du parc au jardin, un paysage de sous-bois, auquel succède le maraîchage qui lorsqu'il traverse la D145 se métamorphose en théâtre. Ses gradins sont inscrits dans la topographie légère et font apparaître une scène potentielle, ouverte à tous, lieu d'évènements. Au pied à la résidence du plateau réhabilitée, les rez-de-chaussée sont étendus en des activités de commerce et d'artisanat. Au sud, les vergers et quelques habitations nouvelles marquent l'entrée de la ville.
Il s'agit de construire à Champigny-sur-Marne un bien commun paysager en s'appuyant sur l'existant. Les jardins familiaux et le parc du Plateau sont dès lors un point de départ.